Queen Nanny, Reine des Marrons de la Jamaïque
Nanny femme Marron, était aussi fascinante sinon plus que ses frères, Cudjoe, Accompong et Johnny (frères de sang ou frères de luttes ; l’histoire n’est pas claire à ce propos), eux aussi à la tête d’une communauté de marrons.
Elle était née au Ghana vers 1686 au sein de la tribu Ashanti, et les circonstances de son arrivée à la Jamaïque ne sont pas claires. A-t-elle été vendue enfant à un maître planteur de Saint Thomas ? S’est-elle enfuie dès son arrivée et n’a jamais connu la condition d’esclave ? Cette seconde version me semble improbable : comment aurait-elle compris les enjeux et la signification du marronnage pour les anciens esclaves ?
Toujours est-il que vers 1720, elle est à la tête de Nanny Town, un petit morceau de terre retiré dans les Blue Mountains particulièrement difficiles d’accès, une position stratégique qui lui permit de mener une guérilla en résistant aux attaques des militaires britanniques pourtant supérieurement armés.
Les communautés marrons de Jamaïque furent parmi les mieux organisées et les plus pérennes de la Caraïbe. Ça peut s’expliquer par la taille de l’île (presque 10 fois plus grande que la Martinique), la structure montagneuse et accidentée, et par une rupture dans le processus de colonisation : lorsqu’en 1655 vaincus par les Britanniques, les Espagnols abandonnent leurs plantations, un grand nombre d’esclaves “prennent le maquis” direction les Blue Mountains.
De plus, un certain nombre d’esclaves de la même origine ont pu garder intactes les pratiques et connaissances de leur ethnie. Ainsi, la vie de Nanny Town s’articule autour d’un certain nombre de pratiques et savoir-faire akan (de l’Afrique de l’Ouest). Ne l’oublions pas, Nanny est une Africaine de première génération.
La communauté pratique l’élevage, l’agriculture et la chasse. Elle survit aussi grâce au troc de nourriture, d’armes et de vêtements. Elle mène des raids dans les plantations pour récupérer des biens et grossir leurs rangs d’autres esclaves. C’est ainsi qu’au cours de trois décennies, Nanny aurait libéré plus de 800 esclaves.
Cheffe de guerre et de village, Nanny est aussi un guide spirituel à qui on reconnaît des pouvoirs Obeah, mélange de religions d’Afrique, de magie blanche et noire, que l’on retrouve dans plusieurs îles de la Caraïbe. Elle pouvait dit-on se jouer des balles des soldats britanniques, mais pas éternellement semble-t-il.
Nanny meurt en 1733 pendant la Première Guerre des Nègres Marrons (1728-1739) sous les tirs d’un esclave noir, le Capitaine Sambo, aussi connu sous le nom de William Cuffee. Probablement ancien marron lui-même, il appartenait à l’unité des Black Shots.
Entre 1728 et 1734, Nanny Town et d’autres communautés des marrons furent sévèrement attaquées par les forces britanniques, c’est à ce moment-là, en 1733, qu’elle sera tuée. Ces soldats engagés étaient connus comme les « Black Shots », « Tirs noirs ».
Nanny est enterrée à “Bump Grave” dans la ville de Moore Town, une communauté marron.
Le billet de 500 $ jamaïcain est à son effigie.
Si vous en connaissez d’autres, faites-le moi savoir,
ça vaut bien un article dans le blog de Sugarcanelane !
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5 comments
Je ne connaissais pas cette grande dame. Merci
Je ne connaissais pas ce personnage, ni celui de l’article précédent d’ailleurs !
Des histoires intéressantes à lire.
Merci beaucoup ! J’ai moi-même beaucoup appris en faisant ces recherches.
Très belles histoires sur la Martinique et plus précisément sur Bellefontaine..
J’ai appris à connaître un peu plus cette belle commune de pêcheurs …Merci
Un grand merci Heloise ; ça fait plaisir et ça m’encourage à continuer d’écrire.